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Zone de Texte: Les Mains de Masseur

Il était une fois...

 

(Juin 2007)

 

 

 

Il était une fois, une fois, mais pas en Belgique. Considérons ce qui suit comme un conte, car, dans un pays de droit comme le nôtre, cela ne peut pas se produire…

 

Une femme divorcée, mère de cinq enfants, en avait marre de la région lyonnaise et de l'intérim à répétition. Elle trouve dans une ville de montagne d'un département voisin un CDI dans un cabinet d'huissier. Sans doute un peu candide, elle suppose que tout doit être honnête dans ce lieu de travail, d'autant que plusieurs employées sont dans la même situation qu'elle sur place. Personne ne pourrait penser que pour un employeur, les femmes divorcées solitaires ont de nombreux avantages, car n'ayant que leurs revenus pour nourrir leurs enfants, elles ne peuvent que difficilement quitter leurs postes, surtout dans une petite ville où il n'y a qu'un cabinet de ce type.

Après un mois d'essai, satisfaisant pour l'employeur, Candide lui demande une augmentation pour avoir un revenu supérieur au smic. L'huissier lui répond que comme il y avait un treizième mois prévu, elle en aura un douzième chaque mois. Cela fait une augmentation mensuelle, bien entendu, mais rien de plus pour l'année. Elle a eu cinq enfants, mais la plus grande est mariée, et le fils avec sa formation de comptabilité comptera les articles à positionner dans les rayons d'un supermarché. Il sera obligé de revenir sur Lyon pour avoir ce travail, elle n'aura donc plus que trois enfants à nourrir, mais avec le smic...

Dans son travail, Candide comprend vite que c'est son patron qui s'occupe de la récupération des impayés de chez Cetelem et autres prêteurs qui vous endettent davantage pour vous aider financièrement, donc attention ! Elle est officiellement employée pour un travail de secrétariat, mais très vite ça devient multifonction. Bien sûr, le courrier, mais aussi préparation des affiches pour les ventes aux enchères, récupération des cartes grises et des clés des véhicules à vendre, et puis il y a les ventes aux enchères le samedi. Et d'ailleurs pour ces ventes, qu'elle doit surveiller et noter, elle doit d'abord dégager la neige qui gêne l'arrivée au lieu de vente.

Elle s'aperçoit rapidement que l'appartement qu'elle habite est dans une maison mal construite qui permet à l'humidité d'envahir les murs, mais le propriétaire est ami de son employeur, pas question de le faire constater par un huissier puisqu'il n'y en a qu'un dans la ville, et c'est le patron. Son patron rentre d'ailleurs chez les francs-maçons, il avait déjà beaucoup de relations et de pouvoir, il en aura davantage désormais.

Au bout de nombreux mois, elle craque physiquement et nerveusement, dépression. Le médecin qu'elle a vu sur place lui a même dit, "ce n'est pas vous qu'il faudrait soigner, c'est lui". Une employée qui avait trouvé un travail ailleurs a été licenciée au bout de quelques mois : l'huissier connaissait son employeur. Il en a poussé une autre jusqu'au suicide. Pendant un certain temps, Candide ne répondait plus au téléphone, elle n'osait plus sortir de chez elle. Son arrêt durant, elle apprend que les fonctions qu'elle avait en charge sont maintenant tenues par cinq personnes.

Candide, qui est en arrêt maladie pour de bonnes raisons, a eu des ennuis avec la sécurité sociale. La personne de la sécu qui l'embêtait était une de ses voisines, dont le propriétaire du logement est ami de l'huissier.

Elle décide de profiter de son arrêt pour chercher du travail ailleurs, dans un autre département. Plus de 500 lettres n'ont quasiment rien donné, à part quelques rendez-vous. Mais maintenant, il faut plusieurs entrevues pour finalement aboutir à un refus de l'employeur, à moins d'accepter le droit de cuissage.

Finalement, elle a du revenir sur Lyon, là où sont ses deux plus grands enfants. Elle a tenté de rentrer à la CAF, mais pour cela, il y avait des tests à passer. Elle s'y prépare en travaillant sur Excel et sur d'autres logiciels. Mais les épreuves sont écrites sur papier, de nombreuses questions de haut niveau, du genre : "s'il faut 3 minutes pour faire cuire un œuf à la coque, combien de temps faut-il pour en faire cuire 2 ?". Elle répond très vite à ces questions fabuleuses, et apprend plus tard qu'elle a un trop haut niveau pour les places recherchées. Il ne faut pas en savoir plus que ses supérieurs dans l'administration !

Elle finit par trouver une place chez un expert, dont l'épouse est avocate, encore des gens de droit. Son travail était un poste de secrétariat normal, mais lorsqu'il faut prendre des notes, il n'y a pas de stylo. Au bout d'un mois, le salaire et le nombre d'heures effectuées fait qu'elle est payée au-dessous du smic. Elle en fait la remarque à son employeur, lui donnant en même temps, les articles du droit du travail trouvé sur Internet. Monsieur se fâche, et le soir même elle apprend sur le site de l'ANPE que son employeur cherche deux postes à son cabinet. En effet, une des stagiaires en avait marre de travailler jusqu'à 9 heures le soir et a démissionné. D'ailleurs cet employeur charmant a fait revenir son épouse à son travail quatre jours après son accouchement.

Il est évident que ceci n'est qu'une fiction et ne pourrait se produire dans un pays dans lequel on va pouvoir travailler plus pour gagner plus…

 

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Cette chanson de Michel Buhler (chanteur suisse) date de 1997, mais elle est malheureusement toujours d'actualité :

Jusqu'à quand ?...

Paraît qu'les années s'envolent

Le vlà presque parti,

Le petit,

Il vient d'finir son école

Pour entrer comme on dit

« Dans la vie ».

Quand j'pense à tout c'qui l'attend,

Par dehors et par ces temps,

J'lui dis « bonne mer bon vent ».

L'beau diplôme qu'il a reçu,

Comme il pourra s'asseoir dessus,

On l'a mis tout au fond d'un carton,

C'lui où y a les vieux journaux

Qui disent qu'le monde est pas beau,

J' dirais même répugnant.

Jusqu'à quand ?...

 

C'est pas vraiment c'qu'on voulait au départ.

J' crois bien qu'on s'est fait baiser quelque part...

 

Je m'souviens avec sa mère

C'qu'on a rêvé des nuits,

Près d' son lit,

T'attends le ciel bleu, t'espère,

Rien qu'le meilleur ; et puis,

Aujourd'hui,

Qu'est-ce qu'il m'reste à lui offrir

Dans ce siècle qui va finir ?

Qu'est-ce qu'ils ont fait d'l'av'nir ?

Tous les matins c'est pareil,

Comme si y avait moins d'soleil.

Ca vaut quoi un humain ?

Plus rien !

Les promesses que j'm'étais faites,

Pour lui j'les r'mets dans ma musette.

On attendra l'printemps...

Jusqu'à quand ?...

 

C'est pas vraiment c' qu'on voulait au départ.

J' crois bien qu'on s'est fait baiser quelque part...

 

Tout l'monde en prend plein la gueule !

J'sais pas comment ça s'est

Déglingué ;

Pis tout l'monde se sent tout seul,

Comme honteux désarmé.

C'qu'est vrai, c'est

Qu'on n'veut plus l'bonheur des gens,

Mais rien qu'le bonheur de l'argent...

Qu'est-ce qu'il va faire là d'dans ?

L'jour où il d'mand'ra sa place,

Risque bien d'y avoir d'la casse !

Moi je s'rai l'premier à

Ses côtés,

Parc'qu'y a quelqu'chose qui déconne,

Et qu'çà profite à personne.

P't-être à quelques truands...

Jusqu'à quand ?...

 

C'est pas vraiment c' qu'on voulait au départ.

J' crois bien qu'on s'est fait baiser quelque part...

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